Plusieurs de la famille géorgienne Tsertsvadze. Pour essayer de soigner leur fille Elene âgée de 14 ans, ils avaient tout vendu et laissé leurs 2 autres enfants à des voisins. Après une année en Turquie qui a englouti toutes leurs économies sans apporter d’amélioration et un passage à Paris, ils sont arrivés à Brest. Les soignants et les services sociaux du CHU les ont admirablement accueillis et hébergés pendant un temps jusqu’à ce que SOLAMI puisse les loger.
Elene parlait souvent de son frère Rezo et de sa sœur Tamta qu’elle n’avait pas vus depuis 2 ans. Les services sociaux et associations du CHU les ont fait venir auprès d’elle. Elene est décédée début mai et ils sont repartis le 10 mai.
Ensemble nous avons créé une cagnotte pour aider la famille à se réinstaller en Géorgie. À leur départ je leur ai donné 1000 euros ; 600 euros m’ont encore été versés par la suite. J’ai essayé de les contacter et je les ai relancés fin décembre par courrier postal en français et en anglais. J’ai reçu la réponse ci-dessous venant de Tamta :
We receive your letter and we are so happy
We have a lot of sweet and good memories and we always remember all this persons who helped us. We are so grateful and we hope when I will study at university , I come back and see you again. We miss brest and everyone who we meet there. Thank you that you remember us. This is my mother personal No : 18001016532
Elle m’a également donné les coordonnées de Lali BEKAURI, la géorgienne qui assurait les traductions à l’hôpital pour je lui remette les 600 euros. J’ai donc confié notre reliquat de 600 euros à Lali, attestation jointe.
Chez Lali, j’ai pu discuter longuement par Skype avec la famille Tsertsvadze. Tamta a 18 ans et parle très bien l’anglais (à la brestoise, avec une mitraillette, trop vite pour moi…). La famille n’a toujours pas de travail ni de logement. Le père était très ému et n’arrêtait pas de remercier longuement tout le monde. Tous gardent un très grand souvenir de Brest, tout spécialement de tous les services du CHU, des « 2 dames qui venaient à l’appartement rue Albert Louppe », des géorgiens qui les ont accompagnés…. Tamta a écrit un grand article dans une revue sur l’extraordinaire accueil des brestois. Elle va rentrer à l’université. Son rêve : devenir médecin pour soigner les gens « comme on le fait à Brest » et revenir nous rendre visite…
Un grand moment très émouvant et beaucoup de bonheur malgré leur situation.
Merci à tous pour ce beau témoignage de solidarité.
Pour celles et ceux qui les ont bien connus, l’adresse de Tamta : cercvadze01@list.ru
Son téléphone : 00 995 598 96 20 06 ou 00 995 98 96 20 06 (un doute sur la nécessité du 5)
N’hésitez pas, la famille en sera tellement heureuse de voir que nous ne les oublions pas, et Tamta est un vrai rayon de soleil.
Pour revenir sur terre, Quelques considérations :
Lali parle bien le français et est toujours disponible pour intervenir comme interprète bénévole en géorgien ou en russe. Son téléphone : 07 51 09 04 70.
Sa situation est un exemple de plus des dégâts insupportables de la politique migratoire actuelle. En France depuis 2010, le couple travaille depuis 5 ans en CDI, toute l’année, chez un serriste. Ils sont parfaitement intégrés, parlent le français, ont un logement, paient leurs impôts, leur fille de 7 ans, née en France, ne parle que le français… Leur demande de renouvellement d’autorisation de séjour, et donc d’autorisation de travail, a été refusée l’an dernier au motif qu’il ne s’agissait que d’un « travail saisonnier » ! Leur employeur et le directeur de Saveol sont intervenus auprès de la Préfecture, rien n’y fait. Donc plus la moindre ressource, retour à la case Restos du Cœur, les impayés de loyer s’accumulent en attendant l’expulsion du logement…
Le lendemain j’ai rencontré dans l’école de mon quartier, le Petit Paris, une autre famille kosovar, 2 enfants de 6 et 3 ans. Même profil : arrivés en France en 2011, parlant français, contrats de travail chez les serristes et dans l’aide à la personne, intégrés et appréciés. Refus de renouvellement malgré l’intervention de l’employeur, Obligation de Quitter le Territoire Français avant le 17 février…
Nous déplorions le durcissement depuis 2 ans des conditions d’accueil vis-à-vis des familles que nous accompagnons. Depuis novembre nous devons répondre, en plus, très régulièrement, à des appels de familles qui sont complètement sorties des radars de nos associations et des services sociaux parce que parfaitement intégrées et autonomes depuis des années. Leurs demandes de renouvellement ou de régularisation sont à peu près systématiquement refusées. Elles sont complètement désemparées, ne savent plus vers qui se tourner. Elles ne peuvent envisager de repartir malgré l’OQTF et on les laisse sans la moindre ressource, jusqu’à l’asphyxie, et nos associations avec, puisque nous ne pouvons plus faire face. Incompréhensible du point de vue économique, totalement inhumain, inadmissible.
Jean Le Velly
Président de Digemer