Plusieurs jeunes, arrivés de pays étrangers, ont trouvé une place comme apprentis chez des artisans du département. Mais ces derniers mois, beaucoup d’entre eux ne peuvent plus travailler.

Ouest-France Nord-Finistère, 17 juillet 2019

Patrick Le Maire, conseiller jeunes entreprises et Didier Lamade, directeur du centre de formation des apprentis du bâtiment à Quimper. Crédit photo OUEST-FRANCE

Ce garçon n’a plus de salaire, se désole Thierry (1). Moi, je comptais sur lui. J’ai plein de chantiers en ce moment… Thierry est chef d’une entreprise d’électricité. Il y a un an, il a embauche Assaye (1) en contrat d’apprentissage. Assaye est arrivé de Côte d’Ivoire en 2016 et il a trouvé une place au centre de formation des apprentis (CFA) du bâtiment de Quimper.

Mais au début du mois, Assaye a reçu la lettre qu’il aurait préféré ne jamais recevoir : une obligation de quitter le territoire français, OQTF dans le jargon. Son contrat de travail a été immédiatement suspendu. Il peut faire un recours, mais cela va durer des mois. Thierry ne peut pas rester sans employé, il va devoir se mettre à chercher quelqu’un d’autre… « Ça me tue, ça me tue, répète le jeune homme. Il me donnait du courage, il me donnait de la confiance en moi. J’essaye de faire tout mon possible pour m’intégrer. Mais je suis bloqué. »

58 migrants apprentis dans le bâtiment

Assaye n’est pas le seul dans son cas Plusieurs jeunes arrivés de pays étrangers, essentiellement du continent africain, ont reçu des obligations de quitter le territoire français ou n’obtiennent pas de renouvellement de leur autorisation de travail, malgré le fait d’avoir trouve une place dans une entreprise. Depuis des mois, les associations d’aide aux migrants sont vent debout. Mais ce ne sont pas les seuls : Didier Lamade et plusieurs personnes de l’équipe pédagogique du CFA du bâtiment s’interrogent.

« Cette année, nous avons 58 jeunes migrants allophones dans nos formations, explique Didier Lamade. Nous avons mis en place un suivi par une formatrice en français langue étrangère. Ces jeunes sont extrêmement motivés. Il n’y a pas d’absentéisme ni de rupture de contrat. »

Un secteur sous tension. En face : des dizaines d’artisans cherchent des employés… Et n’en trou vent pas. « Il n’y a personne ! s’exclame Damien (1), qui possède une entreprise de couverture. On est obligés de faire du job dating pour trouver du monde. » « Maçon, plaquiste, solier, carreleur… Notre secteur est sous tension, il y a des offres non pourvues partout, poursuit Didier Lamade. On est obligés de mettre des panneaux le long des routes: on recrute ! »

Pour eux l’équation est donc simple: il y a, d’un coté, des gars bosseurs qui veulent s’intégrer et, de l’autre, un secteur d’activité qui cherche de la main-d’œuvre a tout prix. Mais, selon des militants d’associations d’aide aux migrants, la situation des personnes immigrées en France s’est durcie et il ne suffit plus d’avoir un contrat de travail pour espérer rester. Contactée, la préfecture ne s’est pas prononcée.

Flora CHAUVEAU.

(1) Les prénoms ont été modifies