Le Télégramme – Quimper – 11 Oct 2020 

Difficile de ne pas saisir le message pour ceux qui passaient hier aux abords de la cathédrale, côté place Saint-Corentin. Sept tentes ont été placées au pied d’un calvaire. « Ceci n’est pas une colonie de vacances », précise une pancarte. « Protégeons les humains, pas les frontières », réclame une autre.

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Plusieurs tentes symbolisant la dureté de la vie de mineurs isolés laissés à la rue ont été placées au pied de la cathédrale Saint-Corentin. (Le Télégramme/Yves Madec)

« Eh oui, être migrant, ce n’est pas pour le plaisir, le message est clair », soupire Caro, de l’association quimpéroise Temps Partagé, qui s’occupe en ce moment d’une vingtaine de mineurs isolés. Avec d’autres structures cornouaillaises (Droit d’asile, LDH, Fraternité Douarnenez, Cimade, Utopia 56…), l’association a monté cette journée d’action collective pour lutter contre les préjugés sur l’accueil des étrangers. Sept stands d’informations étaient en place pour aborder différentes thématiques comme l’entrée en Europe et le règlement de Dublin, la prise en charge des mineurs isolés étrangers ou encore les difficultés liées au logement et les expulsions.

« Nous sommes régulièrement insultés »

« Aujourd’hui, plus que jamais, leurs droits sont menacés, et le mot est faible », assure la co-présidente de Temps Partagé, qui ne souhaite pas s’attarder sur les récents propos polémiques d’Éric Zemmour, contre qui le département du Finistère a d’ailleurs porté plainte.

« Vous savez, nous sommes régulièrement insultés sur le sujet des mineurs isolés, alors ces propos-là, nous n’en avons même pas parlé entre nous ».

Certains panneaux affichés sur la place parlent pour eux. Tel celui qui stipule que les immigrés ne sont pas des délinquants : « Sociologiquement, la délinquance concerne principalement les hommes, les jeunes et les personnes pauvres. La population étrangère recoupe largement ces caractéristiques. Les mauvaises conditions d’accueil des migrants dans la société française les condamnent à la pauvreté et à l’exclusion. Il est donc logique que cette population soit davantage présente dans ces statistiques ». D’autres panneaux affichés évoquent les frontières fermées, ou non, la discrimination des immigrés, leur exploitation…

« Sans association, que serait-il devenu ? »

La responsable de Temps partagé met, elle, l’accent sur ces mineurs enfin reconnus mineurs et qui bénéficient du soutien de l’aide à l’enfance. « L’un a été mis à la rue en décembre 2018 et n’a été reconnu mineur qu’en janvier 2020. Sans prise en charge par une famille bénévole, que serait-il devenu ? Les associations sont indispensables. Malheureusement, beaucoup d’autres jeunes sont partis et ne sont pas revenus. Aujourd’hui, il n’y a plus d’arrivée dans le Finistère ».