Le Télégramme publie, le 11 décembre 2020 deux articles, à l’initiative de Jean Miossec, secrétaire de Digemer et de Tristan Foveau, vice-président de Brest-Métropole, pour réclamer un droit au travail des étrangers, distinct d’un droit au séjour qui tarde toujours à venir quand il n’est pas refusé. Cet article explicite les motivations de cette démarche.

  • Le Télégramme – Brest Abers Iroise – 11 Dec 2020 – J.-L. P.

L’un est politique, l’autre associatif. Alors que les mesures de reconduite à la frontière des étrangers en situation irrégulière s’avèrent dispendieuses et inopérantes, deux Brestois, Tristan Foveau et Jean Miossec, plaident pour la création d’un « accord provisoire de travail ». « En dépit des sempiternels discours de fermeté des ministres de l’Intérieur successifs, l’État ne dépasse pas les 12 % d’exécution des Obligations de quitter le territoire français (OQTF). Neuf étrangers sur dix juridiquement obligés de quitter le territoire y demeurent donc, dans une situation de nondroit et de précarité créée de toutes pièces », constatent avec gravité Tristan Foveau et Jean Miossec.

Distinguer droit au séjour et droit au travail

Élu dans la majorité Cuillandre, le premier est aussi vice-président du cercle de réflexion « L’Hétairie ». Quant au second, il est prêtre à la retraite et secrétaire de l’association Digemer, qui accompagne actuellement 51 familles sans titre de séjour, sans droit au travail, sans droit au logement, à Brest.

Loin du binôme l’idée de contester la légitimité de l’État à fixer les conditions de séjour des étrangers en France. Simplement, ils considèrent qu’il est temps d’en finir avec une politique « inefficace et dispendieuse » (500 M€ par an) qui contraint plus de 300 000 étrangers soit à vivoter d’un travail non déclaré, soit à dépendre de l’assistance publique, soit à verser dans la délinquance.

Ils proposent donc de distinguer droit au séjour et droit au travail, en légiférant sur la mise en place d’un système « d’accord provisoire de travail ». En Allemagne, ce droit existe sous le terme de Duldung. Les étrangers peuvent ainsi trouver un travail légal dans des postes d’ordinaire délaissés par les ressortissants nationaux, et s’intégrer rapidement en apprenant la langue et en entrant dans la culture. De son côté, l’État perçoit des recettes supplémentaires, et limite la délinquance induite par les situations de misère.

Les reconnaître dans leur dignité d’êtres humains

Ils militent pour la création d’un droit provisoire au travail des étrangers

L’initiative de Tristan Foveau et Jean Miossec a déjà reçu le soutien de quatorze associations finistériennes engagées pour l’accueil des populations étrangères. Prochaine étape : l’interpellation des parlementaires. Dans la patrie des droits de l’Homme, le binôme estime qu’une telle mesure « permettrait de sortir de la posture idéologique dans laquelle est aujourd’hui enfermée notre politique d’accueil et d’intégration des étrangers. Elle permettrait aussi de reconnaître ces derniers dans leur dignité d’êtres humains, capables avec leur salaire de se loger, d’assurer la subsistance de leur famille et d’apporter leur contribution au pays dans lequel ils aspirent à vivre ».