Le dernier paragraphe de cet article du Télégramme laisse entrevoir de nombreuses sollicitations d’hébergement pour Digemer dans l’avenir !
Le Télégramme – Brest, 23 Jan 2021, Olivier Scaglia
Les places disponibles sont-elles suffisantes pour absorber les demandeurs d’asile réorientés vers les régions ? Pas vraiment en Bretagne, où plusieurs associations s’inquiètent du sort réservé à ces migrants et identifient des effets délétères.
Le nouveau Schéma national des demandeurs d’asile et d’intégration des réfugiés (Snadar) défini par le ministère de l’Intérieur prévoit de répartir les demandeurs d’asile, dans les régions afin de réduire le déséquilibre actuel d’une prise en charge concentrée en Ile-de-France. Selon ce schéma, 1 000 de ces migrants sont orientés chaque mois vers la province depuis janvier, 1 300 en mars, 2 000 à terme. Sachant que la France enregistre une baisse globale de 40 % des demandes d’asile par rapport à 2019.
Trois étapes préalables
Cet objectif est, à première vue, positif, mais les moyens proposés pour y arriver soulèvent beaucoup de questions. « Le plus grand risque est que les conditions d’accueil en Ile-de-France ne s’améliorent que très peu et qu’elles se détériorent en région, tant le nombre de places créées est insuffisant ou que l’accueil est insuffisamment préparé », redoute un observateur issu du monde associatif breton. « Il faudrait mener un véritable travail en amont pour atteindre les objectifs d’intégration mais tout en respectant les gens, leur dignité
et leurs droits fondamentaux », s’inquiète Florent Guéguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité. Il souligne trois étapes préalables et indispensables : « Il faut que l’hébergement existe, sinon nous allons assister à la reconstitution de campements ou au développement de squats ; il faut préparer un accompagnement, c’est-à-dire recueillir le consentement des gens et commencer à dessiner avec eux une trajectoire vers des bassins d’emploi, de façon bienveillante et non pas seulement technocratique de gestion de quotas ; il faut prévoir la sortie d’hébergement lorsque l’asile aura été accordé ».
« Les centres sont déjà pleins »
Selon le Snadar, la Bretagne est « déficitaire » en termes de nombre de personnes accueillies : « 2 % des demandeurs d’asile enregistrés en France sont en Bretagne », indique Daniel Delaveau président de la FAS-Bretagne chiffrant leur nombre à 4 500 en Bretagne (*). « Mais les centres sont déjà pleins. Seule l’ouverture de 250 places pérennes supplémentaires est prévue en 2021 », observe un autre bénévole finistérien.
Selon nos informations, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) a organisé, ces dernières semaines, plusieurs réunions départementales à ce sujet, rassemblant des représentants des associations gestionnaires, des services de la préfecture et des Départements. L’une des premières conséquences, outre le coup de pression sur les collectivités territoriales et locales, c’est de faire sortir au plus vite les déboutés du droit d’asile continuant temporairement à occuper leur place dans les Centres d’accueil des demandeurs d’asile (Cada).