Arrivée à Brest il y a deux ans sans titre de séjour, Perla Irbouh a rejoint le collectif d’artistes du Maquis, qui a décidé de l’aider dans ses démarches pour pouvoir vivre et travailler avec eux, en toute légalité.

FR 3 Bretagne. Finistère, Brest. Publié le 20/09/2021 à 07h03

Perla Irbouh, sur le pont de Recouvrance à Brest • © Carole Colliné-Appéré/FTV

– Je regarde là-bas ?
– Voilà, ton désir il est là-bas !

Sur le plateau du Maquis, le metteur en scène Lionel Jaffrès dirige la comédienne Perla Irbouh. Et c’est bien sur ce plateau, au sein de ce collectif d’artistes, que le désir de la jeune femme kabyle a pu renaître, et s’épanouit aujourd’hui.

Arrivée à Brest il y a deux ans, Perla a fuit son Algérie natale et des parents maltraitants, et connu un parcours chaotique qui l’a menée jusqu’à Dubaï et en Russie, avant de se poser à la pointe du Finistère.

Une “maquisarde”

Quand Perla a atterri en France, son passeport lui a été confisqué par la police de l’air et des frontières, qui l’a transmis à la préfecture de Seine-Saint-Denis. Depuis, on lui demande de présenter un billet de retour pour l’Algérie pour lui restituer le document. Perla n’a donc pas de papiers, et ne peut ni travailler, ni se loger.

Elle est venue nous demander si elle pouvait jouer avec nous, on lui a proposé un rôle, et elle a participé à l’écriture de la pièce qu’on répète en ce moment” raconte le metteur en scène Lionel Jaffrès. “En étant au Maquis, elle s’est impliquée dans plein d’activités en tant que bénévole, en tant que maquisarde. Au fur et à mesure on s’est rencontré professionnellement, et aussi humainement. On a compris sa situation, et on a eu envie d’être solidaire avec elle.

Un réseau de soutien

Pour l’instant, c’est une autre maquisarde qui héberge provisoirement Perla. Au départ Chantal avait proposé de l’accueillir chez elle pour une semaine, cela fait maintenant trois mois. “C’est un échange. Perla c’est quelqu’un d’assez exceptionnel. Elles est à l’écoute de tout le monde. J’apprends tous les jours avec elle. On discute beaucoup, c’est un plaisir !” raconte Chantal.

Dans l’idée de trouver une solution pour que Perla ait son propre logement, le Maquis s’est adressé à l’Association Digemer, réseau d’hospitalité pour les demandeurs de droit au séjour de la région brestoise, qui leur a parlé de l’opération Cent pour un toît. Le principe : 100 personnes se regroupent et s’engagent à verser 5€ minimum par mois, pour permettre à une personne sans abri de louer un logement décent.

Une telle démarche, c’est une première pour le Maquis. Pour Lionel Jaffrès “c’est un engagement cohérent avec l’esprit de ce lieu dédié à l’éducation populaire, qui à travers des projets collectifs de théâtre, de danse ou d’arts plastiques, s’est donné pour mission de provoquer des rencontres, mélanger quartiers et classes sociales, apprendre les uns des autres et s’entraider.

Une nouvelle famille

Perla a trouvé au Maquis la force d’affronter un quotidien difficile en raison de sa situation administrative, et l’énergie pour créer. “J’ai commencé à écrire un film que j’espère bientôt réaliser” raconte la comédienne et vidéaste.

Et si elle ne souhaite pas s’étendre sur ce qu’elle a pu vivre dans sa famille en Algérie, elle se réjouit de ce qu’elle vit ici : “Je suis bien entourée. Tout le monde me donne des coups de main. Je me sens dans un cocon familial que je n’ai jamais eu dans mon enfance.

Un sentiment partagé par Chantal : “Ça sera bien qu’elle ait son appartement parce que ça ne peut pas être pérenne chez moi, mais on restera en lien. Elle fait partie de la famille.

A ce jour le collectif constitué pour aider Perla (centpouruntoit@lemaquis.org) rassemble 25 donateurs et 370€ mensuels, l’objectif est d’atteindre 500€.