Cette année, la Bretagne a accueilli près de 3 000 demandeurs d’asiles. Des réfugiés dont l’intégration passe par l’emploi. Avec succès, à l’image d’Ajmal Yaqubi, jeune réfugié afghan.

  • Le Télégramme (Brest), 19 Oct 2022. Jean Le Borgne
Réfugié afghan accueilli à Morlaix, Ajmal Yaqubi travaille depuis le mois de mai dans les serres à Henvic.Photo J. L. B.

Entre les rangées de plants de tomates, Ajmal Yaqubi, le geste sûr, récolte de la coeur-de-pigeon sous les serres du Nord-Finistère. Depuis le mois de mai, le jeune réfugié afghan est l’un des salariés de l’exploitation de Nicolas, Hubert et Thomas Quillévéré, 40 hectares dont quatre de serres à Plouénan et Henvic consacrés aux légumes bio.

Obligé de fuir son pays, le jeune homme a rapidement trouvé refuge en Bretagne, il y a un peu plus d’un an, obtenant, en mars, son statut de réfugié, à la lumière de son récit de vie. « Il a rapidement voulu travailler », confie Mélanie Carrasco, responsable des services de l’association Coallia, à Morlaix, notamment du centre d’accueil où il est hébergé.

Malgré la barrière de la langue

Au printemps dernier, il était l’un des trois Afghans accueillis par l’exploitation. Deux autres ont rejoint leur communauté en région parisienne. Affichant un large sourire, Ajmal Yaqubi, lui, poursuit son travail malgré la barrière de la langue qui s’estompe doucement, à mesure des cours de français proposés par l’association Paroles.

Le nouveau salarié a été pris en charge par l’exploitation et notamment par les Tibétains embauchés ces derniers mois aux côtés de Roumains. « Finalement, la langue n’est pas une barrière », constate Thomas Quillévéré dont l’exploitation fait face à des difficultés de recrutement. Particulièrement cette année. Le producteur de légumes, secrétaire général de la Sica, estime qu’il a manqué cette saison quelque 300 recrutements pour les 626 exploitations du groupement de producteurs.

Dans ce contexte, la main-d’oeuvre étrangère est accueillie les bras grands ouverts en Bretagne où 3 000 demandes d’asile ont été enregistrées cette année. Près de 60 % d’entre eux obtiennent une mesure de protection. Des demandeurs d’asile qui, six mois après le dépôt de leur dossier, sont en mesure de travailler.

Un souhait constaté par Gabriel Cerclier, responsable de Coallia pour le Finistère et les Côtes-d’Armor : « Sur 100 personnes en centre provisoire d’hébergement et pas toujours en âge de travailler, 50 sont en emploi et 25 en formation », souligne-t-il à l’occasion de la Semaine d’intégration des réfugiés.

Le bâtiment en tête

Depuis quelques mois, dans un contexte de tension sur le marché de l’emploi, des liens se sont ainsi noués. Et pas seulement avec l’agriculture. Le premier domaine d’emploi est le bâtiment, devant l’agroalimentaire, notamment à Quimperlé, ou l’ostréiculture, du nord au sud de la Bretagne.

Du travail synonyme d’intégration. Il se heurte comme pour tout recrutement aux freins liés à l’hébergement et à la mobilité. Soutenu par les élus locaux, le projet de centre d’accueil des demandeurs d’asile de Morlaix peut d’appuyer sur la plateforme Mobilité. Le moyen pour Ajmal Yaqubi de se rendre chaque jour au travail.