Deux jours par semaine, ce couple de retraités accueille un jeune migrant dans son logement de Guilers. Ils le soutiennent dans sa volonté de devenir maçon.

Ouest France (Nord-Finistère), 1er juin 2018 – Raphaëlle BESANÇON.

Madeleine et André Hili accueillent chaque week- end un jeune migrant. Venu seul depuis le Mali, il est arrivé dans le Finistère en septembre.

Dans leur pavillon bien tenu de Guilers, Madeleine et André Hili accueillent depuis deux ans de jeunes migrants sans papiers.
En arrivant en France, ces jeunes sont d’abord pris en charge par le Département et l’association Don Bosco. Mais, une fois qualifiés de mineurs par le tribunal, ces jeunes se retrouvent à la rue, sans aides.
« On leur donne une liste d’associations qu’ils peuvent appeler, et c’est tout » , témoigne André, scandalisé. Avec sa femme, ils s’étaient portés volontaires en 2014 quand la mairie cherchait des logements pour héberger des Syriens qui, finalement, ne sont jamais venus.
En 2016, lorsqu’un professeur alerte les Guilériens sur le sort d’un élève débouté par le tribunal et qui se retrouve sans ressources, une poignée d’habitants se réunit et décide de loger le jeune homme.
« Notre pierre à l’édifice »
« On est très touchés par la situation des migrants, confie André. L’Europe a du mal à s’organiser. On a voulu apporter notre pierre à l’édifice, même si cela ne va pas changer grand- chose. »
Appuyés par l’association Digemer, qui fournit un soutien administratif et juridique aux migrants, les habitants se relaient pour accueillir le jeune homme.
Madeleine et André font partie de la boucle. Au total, ils ont accueilli trois migrants depuis 2016. Désormais, le fonctionnement a changé. Il y a une famille référente chez qui le jeune réside quasiment tout le temps. Les autres foyers sont là en soutien.
Depuis septembre, le couple ac- cueille un jeune Malien, Moussa*. Scolarisé, il est en internat la semaine et il dort chez eux les week- ends.
« On l’aide dans ses démarches, on discute tant bien que mal, car il ne maîtrise pas totalement le français. Il est très serviable, il nous aide pour quelques tâches domestiques, explique Madeleine. Ce n’est pas toujours facile, parfois il a le cafard et part marcher tout seul. »
Moussa a coupé les ponts avec sa famille. Il a quitté le Mali car son père voulait le retirer de l’école pour qu’il travaille dans les champs. Aujourd’hui, il est en CAP maçonnerie.
« Au début, il était un peu rebelle, il n’avait pas vraiment de modèle, explique André. On a essayé de lui donner un cadre, comme on l’a fait pour nos enfants. Aujourd’hui, de l’avis des professeurs, c’est un très bon élément. »
« Beaucoup de courage ! »
Moussa a demandé un recours au tribunal pour être reconnu mineur. S’il est accepté, il sera pris en charge par le Département et sera logé avec d’autres jeunes à Brest, comme il le souhaite. Il aimerait poursuivre sa formation de maçonnerie.
Admirative, Madeleine raconte : « Il aime ce métier. Il a fait un stage de trois semaines alors qu’il neigeait et il n’a jamais lâché. Il a beaucoup de courage ! »
* Prénom d’emprunt.