Le Télégramme, le 23 mars 2019. YANN LE GALL
350 personnes se sont rassemblées, ce samedi, à 11 h, sur la place de la mairie de Saint-Urbain (29). Elles demandent au préfet d’annuler un arrêté d’expulsion à l’encontre d’une famille du Daghestan, bien intégrée dans la vie de la commune, depuis deux ans.
Saint-Urbain (1 700 habitants) a rarement vécu telle affluence : 350 personnes rassemblées sur la place de la mairie. Des habitants, des voisins de communes alentour, des représentants d’associations solidaires, des élus municipaux, départementaux et même le curé du doyenné, portant la voix de l’évêque. Tous réunis pour demander au préfet du Finistère d’annuler son arrêté d’obligation de quitter le territoire français, signé à l’encontre d’une famille originaire du Daghestan.
Les parents et leurs trois garçons (13, 8 et 3 ans) ont trouvé refuge, il y a deux ans, à Saint-Urbain, dans l’ancien presbytère, faisant preuve, d’après les nombreux témoignages de voisins et autres accompagnateurs, d’efforts remarquables d’intégration.
« Ils parlent le français, pas le russe »
Les parents suivent des cours d’apprentissage du français. « Ils donnent des coups de main aux associations locales dès qu’ils le peuvent. Les enfants vont au collège et à l’école. Ils parlent très bien le français et pas du tout le russe. Ce qui compliquerait sérieusement leur scolarité s’ils venaient à être reconduits dans leur pays d’origine », signale une accompagnatrice, membre de l’association Accueil solidarité Saint-Urbain (ASSU), à l’origine du rassemblement. Le père de famille encourrait également de grands risques à retourner dans une « République » caucasienne qu’il dit avoir fuie sous la menace de groupes islamistes. De plus, son état de santé exige des soins que le Daghestan ne peut lui apporter.
Courriers au préfet et à Richard Ferrand
Une pétition en ligne réclament l’annulation de l’arrêté préfectoral a réuni près de 2 000 signatures. En parallèle, ASSU a déposé un recours suspensif auprès du tribunal administratif. « Notre avocate a envoyé une demande d’aide juridictionnelle. Cela peut occuper quelques mois », indique Fanch Dantec, vice-président d’ASSU. Le maire de Saint-Urbain, Jean-Louis Vignon, l’évêque de Quimper et Léon et la conseillère départementale Françoise Péron ont écrit ou vont écrire au préfet pour appuyer la demande d’abrogation. Le député de la circonscription et président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, recevra des copies.
Suffisant pour obtenir gain de cause ? « Sans doute devrons-nous nous rassembler à nouveau », a prévenu Fanch Dantec, en s’adressant aux 350 personnes, de tous âges, à la fin de la mobilisation. Elles semblaient tout à fait prêtes à se retrouver autour de leurs amis Ganzatov.