C’est une première dans le Finistère : 34 associations, collectifs et organisations syndicales du département publient une lettre ouverte aux députés, pour déplorer l’accueil réservé aux migrants à la pointe bretonne. Avec, dans le viseur, le préfet Pascal Lelarge.
Le Télégramme – Brest, 4 Juin 2019

Une partie des signataires de la lettre ouverte aux députés, devant la sous-préfecture de Brest. Photo Pierre Chapin

La préfecture du Finistère est-elle plus radicale, en matière de politique migratoire, que la ligne gouvernementale ? C’est en tout cas ce qu’assurent les 34 signataires de ce courrier (*). Associations, collectifs et organisations syndicales, aux profils pourtant relativement variés, s’accordent pour déplorer la politique « plus sévère et inflexible à l’égard des migrants » menée par le représentant de l’État, avec qui le dialogue serait « totalement inexistant ».

Des griefs multiples

C’est face à des situations « humainement insupportables » qu’ils ont décidé de s’adresser à l’ensemble des députés du Finistère : « Le préfet est garant de la continuité de l’État dans le département. En tant que tel, il ne peut mener une politique aussi cynique sans avoir à rendre des comptes aux parlementaires élus ».

Les griefs des associations sont multiples : refus de délivrer une autorisation de travail à des migrants disposant de promesses d’embauches, lenteurs administratives pour répondre aux demandes de séjour pour « vie privée et familiale », non-renouvellements de leur titre de séjour à des personnes installées et insérées de longue date sur le territoire, ou encore non-respect des situations de vulnérabilité de migrants demandant un hébergement. Autant de situations « qui, auparavant, trouvaient des solutions et n’en trouvent plus aujourd’hui », selon les signataires de la lettre ouverte, qui soulignent l’engagement de nombreux citoyens pour « pallier les carences de l’État dans notre département ».

« Des propos excessifs »

Sollicité, le préfet du Finistère « regrette le caractère très excessif des propos tenus ». Dans un communiqué, il fait la réponse suivante : « L’affirmation d’avoir laissé délibérément à la rue de très jeunes enfants, des enfants souffrants de handicap, etc. semble renvoyer, sans la citer, au cas d’une famille azérie récemment arrivée dans le département depuis l’Allemagne. En réalité, ce couple et ses trois enfants ont été hébergés à l’hôtel dans un premier temps puis, avoir avoir été rapidement pris en charge dans le dispositif des demandeurs d’asile, ont été installés dans un appartement ».

* Ligue des droits de l’Homme du Finistère, Digemer et ses 17 collectifs locaux, la Halte, MRAP, Collectes Solidarité Réfugiés Pays de Brest, Adjim, 100 pour un toit Saint-Pol, Landerneau, Cornouaille et Quimperlé, Le Temps partagé, Solidarité migrants Pays de Morlaix, Zéro personne à la rue, Collectif Aidons les réfugiés Brest, Collectif humanité Plouguerneau, Accueil Solidarité Saint-Urbain, MorlaixLibertés, Accueil des réfugiés dans le Cap, Utopia 56, Attac Brest, UEP, La Ligue de l’enseignement, ATD Quart-monde Brest et Landerneau, Libre pensée 29, Les Utopistes en action, Planning familial, Paresse, Alternative pour l’UBO, les unions départementales CFDT, CGT, CNT, FSU, SUD Solidaires et Unsa.