L’association Collectes Solidarité Réfugiés du Pays de Brest envoie tous les deux mois de quoi se vêtir et se chausser aux migrants de Calais. Leur dernière collecte a battu tous les records.
Ouest France (Nord-Finistère), 26 Sep 2018. Damien LE DÉLÉZIR
« Habituellement, nous collectons des vêtements, du matériel de camping, des chaussures et des produits d’hygiène, mais spécifiquement pour les hommes, explique Danièle Belbahri, membre de l’association Collectes Solidarité Réfugiés (CSR) du Pays de Brest. Cette fois, c’est différent : le hangar inter-associations de Grande-Synthe a brûlé fin août. Il y a beaucoup de femmes et d’enfants là-bas, nous avons donc fait un appel pour eux. »
Et le résultat a dépassé leurs espérances : samedi, la collecte a permis de rassembler presque 80 m3 de fournitures dans le hangar de 250 m2 prêté par la ville de Brest, situé près de la mairie de Saint-Pierre.
D’innombrables cartons, sacs et boîtes remplis de vêtements et chaussures en tout genre s’empilent dans l’entrepôt. C’est alors que le vrai travail commence : « Hier, dix bénévoles ont commencé à trier. Le chargement partira mercredi 3 octobre, on espère avoir fini mais la tâche est vertigineuse », glisse Danièle Belbahri dans un sourire.
Le plus gros camion de France
« Nous sommes dans le registre de la survie, souligne Marie-Pierre Dorval, vice- présidente de l’association. Ce que nous faisons ne règle pas le problème, mais contribue à ce que les réfugiés puissent se nourrir, se vêtir, être au chaud. »
Environ 20 % de la collecte n’est pas utilisable et sera récupérée par Abi 29, association humanitaire spécialisée dans l’insertion. Les vêtements qui ne sont pas adaptés (robes, jupes) seront donnés au Secours populaire, au Secours catholique et à Emmaüs.
« Il y a eu un élan de générosité hallucinant », poursuit la bénévole. Les collectes ont commencé il y a trois ans, mais la demande ne faiblit pas : « Les camps sont malheureusement démantelés toutes les semaines, et lors de ces opérations, les tentes sont déchirées, les couvertures jetées… Il faut tout refaire. » Le semi-remorque de 44 tonnes qui achemine le chargement est loué pour l’occasion. Coût de l’opération : environ 1 200 € tous les deux mois, que l’association finance grâce à des dons. « Il passe par Brest, Plélan, Plérin, Josselin et souvent Rennes, indique Marie-Pierre Dorval. C’est le plus gros camion venu d’une région française ! »
« Une crise de l’accueil »
Danièle Belbahri tient à relativiser les peurs liées à la migration en rappelant les chiffres : « Aujourd’hui, à Calais, il y a 1 000 personnes, on en compte 700 à Grande-Synthe, et quelques milliers seulement à Paris. Nous ne sommes pas dans une crise migratoire mais dans une crise de l’accueil, reprend- elle. Les frontières se ferment et les réfugiés voyagent d’un endroit à un autre, parce que nous ne construisons pas les structures pour les accueillir. »